Faire avancer les solutions climatiques fondées sur la nature et sensibles au genre

Les solutions climatiques fondées sur la nature et sensibles au genre renforcent la résilience dans des paysages sociaux et écologiques diversifiés

Les solutions climatiques fondées sur la nature (SCFN) peuvent contribuer à la conservation et à la restauration de la biodiversité et des écosystèmes, tout en permettant aux populations de faire valoir leurs droits, d’utiliser durablement les écosystèmes dont elles dépendent et de renforcer leur résilience face au climat et aux crises climatiques. Cependant, pour que cela soit vrai dans toutes les communautés, il est crucial d’adopter des SCFN à la fois inclusives et sensibles au genre.

De la connaissance à la pratique : Renforcer les capacités en matière de SCFN sensibles au genre

Le 7 octobre 2022, la Fondation Aga Khan Canada et l’Institut international du développement durable (IIDD) ont organisé conjointement un événement intitulé De la connaissance à la pratique : Faire avancer les solutions climatiques fondées sur la nature et sensibles au genre. Il s’agissait d’une séance de renforcement des capacités sur la promotion de l’égalité entre les genres par le biais d’approches inclusives et fondées sur les droits en matière de SCFN. La séance comprenait des études de cas et des discussions en petits groupes avec des praticiens expérimentés, notamment :

La séance a été suivie d’une réunion de la communauté de pratique axée sur les SCFN et la biodiversité, dirigée par Affaires mondiales Canada (AMC). Les deux séances ont accueilli des participants virtuels et en personne à la Délégation de l’imamat ismaili, à Ottawa.

En ouvrant la séance, Steve Mason, directeur régional des programmes de la Fondation Aga Khan (Amérique du Nord), a donné le ton en soulignant que si les SCFN sont très prometteuses pour aider les populations à atténuer les effets néfastes des changements climatiques et à s’y adapter, la durabilité et les résultats bénéfiques de ces solutions exigent une approche inclusive qui tienne pleinement compte des droits et des besoins de diverses populations – en particulier les femmes, qui subissent de façon disproportionnée les effets des changements climatiques. Tout en soulignant que les SCFN restent sous-financées à l’échelle mondiale, Steve a reconnu l’intérêt commun des organisations au Canada à les faire progresser, ainsi que l’opportunité que représente le financement du gouvernement du Canada visant à atteindre les objectifs climatiques, sociaux et de biodiversité par le biais des SCFN.

Partenariats pour le climat

En mettant l’accent sur une opportunité de financement clé, AMC a donné un aperçu de son initiative « Partenariats pour le climat ». Le projet comprend un financement à hauteur de 300 millions de dollars pour des organisations canadiennes qui s’emploient à soutenir les SCFN en Afrique subsaharienne, avec un intérêt particulier pour les projets qui soutiennent le leadership et le pouvoir décisionnel des femmes en matière de solutions climatiques, de renforcement de la résilience et de gestion durable des ressources naturelles. En outre, l’initiative prévoit 15 millions de dollars pour des solutions climatiques autochtones conçues et dirigées par des organisations autochtones du Canada en collaboration avec des organisations autochtones du Sud. La disponibilité de ce financement réaffirme la nécessité de renforcer les capacités des organisations au Canada afin de soutenir des SCFN efficaces qui produisent des avantages en matière de société et de biodiversité.

Capacité à mettre en œuvre des SCFN sensibles au genre

Dans le but de renforcer la capacité des SCFN, Veronica Lo, conseillère principale en politiques du programme de résilience de l’IIDD, a décrit un cours d’apprentissage en ligne à rythme libre sur l’adaptation fondée sur les écosystèmes (AFE) offert par l’entremise de l’Initiative sur la nature pour l’adaptation au climat (INAC) de l’IIDD. En plus d’offrir des conseils détaillés sur l’AFE, le cours donne un aperçu des questions transversales telles que les approches sensibles au genre, la gouvernance inclusive et le recours aux connaissances autochtones. Anya Knechtel a passé en revue l’impact éventuel des approches allant de la discrimination à la transformation fondée sur le genre, reconnaissant que le soutien aux approches intersectionnelles, orientées vers l’action et basées sur les droits qui sont soit sensibles au genre, soit transformatrices, contribue à assurer une participation équitable aux initiatives de SCFN et à en tirer profit.

Adapter les SCFN aux contextes locaux

Les trois études de cas ont abordé un éventail de contextes politiques et sociaux dans lesquels des SCFN sont entreprises.

Humaira Daniels, spécialiste de la résilience climatique de la Fondation Aga Khan Afghanistan, a évoqué les initiatives climatiques fondées sur la nature actuellement menées par la Fondation en Afghanistan. Compte tenu de l’évolution du contexte politique, les activités de la Fondation sont passées d’un engagement fort dans les initiatives climatiques menées par le gouvernement à un isolement relatif, projet par projet. Les restrictions concernant la participation des femmes, le droit à la propriété foncière, la mobilité et d’autres domaines constituent d’autres obstacles majeurs à l’adoption d’approches intégrant la dimension de genre. Pourtant, en travaillant avec des groupes de femmes locaux, la Fondation a été en mesure d’évaluer et de hiérarchiser les besoins des femmes et de cerner des opportunités, telles que les serres et les pépinières, qui permettent aux femmes de participer en toute sécurité tout en soutenant leur autonomisation sociale et l’accès à des moyens de subsistance durables.

Daniels a souligné : « Nous avons encore des occasions et des perspectives d’avenir pour parvenir à une résilience climatique sensible au genre… Il existe des possibilités d’améliorer leurs compétences; les femmes peuvent participer à des séances de formation dirigées par des femmes. Elles peuvent travailler avec des organisations et des ONG, à condition de porter un hijab approprié et de travailler dans des bureaux séparés. L’implication des hommes dans le soutien aux femmes et à la famille pour une meilleure mise en œuvre est une autre stratégie sur laquelle nous travaillons, et nous espérons que cela permettra d’accroître la liberté professionnelle des femmes. »

Les efforts de la Fondation Aga Khan Afghanistan démontrent que les actions climatiques sensibles au genre peuvent contribuer à renforcer la résilience, même lorsqu’elles sont menées indépendamment des stratégies climatiques nationales et internationales.

En revanche, Gena Gammie, directrice de l’Initiative sur l’eau de Forest Trends, au Pérou, a noté que l’engagement du gouvernement péruvien à incorporer des considérations de genre dans son programme national sur le climat contribue à faciliter les opportunités d’élever le rôle de leadership des femmes dans la gestion de l’infrastructure de l’eau fondée sur la nature. Pourtant, même avec des politiques de soutien, la participation des femmes aux décisions relatives aux ressources en eau reste inférieure à 30 %.

En ce qui concerne le défi de l’inclusion, Mme Gammie a déclaré : « Nous devons reconnaître les défis structurels qui empêchent la participation active et entière des femmes et leur pouvoir décisionnel en matière de gestion de l’eau, notamment les droits à la propriété foncière et aux ressources en eau, la part du travail domestique, le temps, la pauvreté et l’équité salariale, les lacunes en matière d’éducation formelle et la violence fondée sur le genre ».

En mettant en place des processus de planification inclusifs, Forest Trends a également été en mesure d’impliquer les femmes dans les décisions, y compris celles visant à cerner et à traiter des questions connexes, telles que la sécurité alimentaire, ce qui a permis au projet d’offrir de meilleurs avantages sociaux et économiques. La clé de cette initiative a été l’accent mis sur l’intégration des connaissances autochtones et le travail en partenariat avec le gouvernement et les services publics pour soutenir des stratégies de gestion efficaces qui contribuent à sauvegarder l’approvisionnement en eau et à accroître la résilience climatique.

Angie Dazé, responsable de l’égalité entre les genres et de l’inclusion sociale à l’IIDD, a décrit le chemin parcouru par le Suriname depuis l’élaboration d’un plan national d’adaptation (PNA) sensible au genre jusqu’à l’élaboration d’une stratégie du secteur des ressources en eau sensible au genre et axée sur l’action, qui comprenait des objectifs tels que la garantie d’une quantité suffisante d’eau potable. Bien que le PNA ait établi des objectifs de plus haut niveau, notamment la réduction des inégalités sociales et de genre par le biais d’initiatives d’adaptation, il n’a pas fourni de détails sur la manière dont ces objectifs seront atteints.

Le réseau mondial des PNA a soutenu le gouvernement dans l’élaboration d’une stratégie sectorielle sensible au genre, « fondée sur des évaluations de la vulnérabilité et des risques pour les ressources en eau et… un engagement à incorporer les connaissances locales et une approche participative ». Mme Dazé a souligné l’importance de réponses adaptées au contexte local, qui cernent et répondent aux besoins spécifiques des communautés locales, ainsi que la nécessité de disposer de données ventilées par sexe pour soutenir les initiatives de SCFN.

Les participants ont eu l’occasion d’approfondir les études de cas et de discuter des stratégies et des défis liés aux initiatives de leurs organisations dans le domaine de la nature. La séance a permis aux participants d’acquérir des connaissances sur les SCFN sensibles au genre et d’établir un réseau avec d’autres praticiens qui cherchent à lutter contre la perte de biodiversité et à renforcer la résilience climatique au sein de diverses communautés.

Regardez l’enregistrement [disponible uniquement en anglais] :


De la connaissance à la pratique : Faire avancer les solutions climatiques fondées sur la nature et sensibles au genre était le troisième événement dans la série de conférences de la Fondation Aga Khan Canada sur la résilience et l’adaptation aux changements climatiques. Cette série vise à rassembler des praticiens, des défenseurs et d’autres personnes qui partagent un intérêt pour l’exploration et la discussion autour de la manière dont nous pouvons utiliser la crise climatique comme catalyseur pour faire de grands pas en avant dans la résolution des défis complexes liés à la lutte contre les changements climatiques, et ce, dans le but de favoriser le développement durable, le bien-être et la résilience des moyens de subsistance pour tous.

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