Promouvoir des solutions climatiques fondées sur la nature favorables à la biodiversité et à l’adaptation

Il est essentiel de promouvoir des solutions climatiques qui utilisent les écosystèmes de manière durable et préservent la biodiversité afin d’aider les collectivités à devenir plus résilientes face aux effets des changements climatiques. 

Les solutions climatiques fondées sur la nature (SCFN) conservent, restaurent et utilisent de manière durable la biodiversité et les écosystèmes et sont donc prometteuses pour aider les populations à s’adapter aux effets néfastes des changements climatiques. Mais il est souvent difficile d’obtenir des gains mesurables à la fois pour la biodiversité et les écosystèmes, d’une part, et pour la société et l’adaptation aux changements climatiques, d’autre part.

De la connaissance à la pratique : promouvoir les solutions climatiques fondées sur la nature favorables à la biodiversité et à l’adaptation

Le 22 juin 2023, la Fondation Aga Khan Canada, l’Institut international du développement durable (IIDD) (dans le cadre de l’Initiative sur la nature pour l’adaptation au climat) et Affaires mondiales Canada (AMC) ont accueilli des participants canadiens et internationaux à la Délégation de l’imamat ismaili à Ottawa dans le cadre d’un événement hybride sur les solutions climatiques favorables à la biodiversité et fondées sur la nature.

Cette séance interactive était axée sur la maximisation des avantages pour la biodiversité et la santé des écosystèmes grâce à des solutions climatiques fondées sur la nature (SCFN). La séance comprenait des présentations et des discussions en petits groupes avec des praticiens expérimentés, notamment :

Regardez sa présentation : Biodiversity and Ecosystem-Based Climate Change Adaptation project, Gujarat, Inde

Regardez sa présentation sur les mesures de réduction des menaces et de rétablissement des espèces (STAR).

  • Anil Gupta, spécialiste principal de l’environnement, AMC, et Paul Stewart, directeur mondial du café, TechnoServe

Visionnez leur présentation sur la résilience climatique pour le café en Éthiopie – défis et opportunités de l’utilisation des SCFN.

Regardez sa présentation : Nature Connectivity Project

La séance a été suivie d’une réunion de la communauté de pratique axée sur les SCFN et la biodiversité, dirigée par AMC.

Kiersten Eyes, directrice de l’engagement du public et de la mobilisation des ressources à la Fondation, a ouvert la séance en souhaitant la bienvenue aux participants en personne et en virtuel. Elle a noté que la Fondation, l’IISD et AMC avaient déjà co-organisé l’événement « Promouvoir des solutions climatiques fondées sur la nature et sensibles au genre », qui était axé sur la promotion de l’égalité entre les genres et sur l’inclusion dans les initiatives d’adaptation au niveau local. Elle a noté que l’accent mis sur les considérations favorables à la biodiversité (dans le cadre des SCFN) était un autre aspect essentiel de la lutte contre la perte de biodiversité et du renforcement de la résilience climatique grâce à une approche inclusive, fondée sur les droits et favorable à la biodiversité.

Engagements du Canada en matière de financement pour le climat et la biodiversité

Kerry Max, d’AMC, a donné un aperçu des engagements financiers du Canada en matière de climat et de biodiversité. En 2021, lors de la COP 15 à Montréal, le premier ministre Trudeau a annoncé que le Canada verserait une nouvelle contribution de 350 millions de dollars pour aider les pays en développement à faire progresser leurs efforts de conservation, y compris l’adoption du Cadre mondial pour la biodiversité. Ce financement s’ajoute à l’engagement de 5,3 milliards de dollars annoncé précédemment par le Canada en matière de financement de la lutte contre les changements climatiques pour 2021-2026, dont 20 % appuieront des projets d’action climatique qui s’appuient sur les SCFN pour lutter contre les changements climatiques et qui produisent des avantages connexes pour la biodiversité.

Grâce à ce financement supplémentaire, le Canada a engagé plus de 2 milliards de dollars pour soutenir des projets d’adaptation aux changements climatiques. Au moins 80 % des projets climatiques intégreront l’égalité entre les genres, conformément à la Politique d’aide internationale féministe du Canada. Dans le cadre de ce financement, le Canada s’est engagé à verser 315 millions de dollars à Partenariats pour le climat afin de financer des projets mis en œuvre par la société civile, des peuples autochtones et d’autres organisations au Canada qui appuieront l’adaptation aux changements climatiques en Afrique subsaharienne et dans d’autres régions du monde.

Bâtir une compréhension commune des SCFN

Veronica Lo, conseillère principale en politiques, Programme de résilience, IIDD, a ouvert la voie en examinant les principaux termes et concepts liés aux SCFN. Elle a souligné que par définition, les écosystèmes contiennent de la biodiversité et que la diversité des écosystèmes est une mesure de la biodiversité. Elle a démontré que la biodiversité favorise le fonctionnement des écosystèmes et les services rendus par ces derniers. Elle a utilisé le « modèle en cascade des services écosystémiques » pour donner un exemple de la façon dont les infrastructures vertes telles que les arbres de rue peuvent attirer les insectes, les communautés microbiennes, les oiseaux et d’autres espèces, augmentant ainsi la biodiversité. Cette biodiversité permet de remplir des fonctions écosystémiques d’ombrage et de refroidissement, ce qui offre des services écosystémiques qui améliorent le bien-être humain. Ces services entraînent des valeurs sociétales ou financières, comme la réduction des visites d’urgence dans les hôpitaux ou des dépenses de santé pendant les vagues de chaleur.

Mme Lo a également examiné l’application d’une optique de la biodiversité tout au long d’un cycle de projet de SCFN pour déterminer comment les considérations liées à la biodiversité et aux écosystèmes peuvent être intégrées à chaque étape en vue de produire des résultats positifs pour la biodiversité. Elle a souligné l’importance de développer et d’appliquer un ensemble d’indicateurs de biodiversité pour évaluer et surveiller la biodiversité et la fourniture de services écosystémiques, ainsi que pour atténuer les risques qui pourraient autrement réduire les avantages et les gains pour la biodiversité. Elle a noté que d’autres considérations importantes comprennent la meilleure façon de mener des consultations communautaires et d’intégrer les connaissances traditionnelles et d’autres systèmes de connaissances, puisque cela améliorera la compréhension de la biodiversité et des services écosystémiques et l’intégration des valeurs locales, ce qui contribuera à faire en sorte que les avantages répondent aux besoins des membres des communautés locales.

La biodiversité profite également des SCFN

Quatre présentations ont exploré des exemples concrets d’avantages connexes pour la biodiversité obtenus grâce à l’adoption des SCFN. Ces présentations fournissent des exemples précieux de la polyvalence et des valeurs des SCFN dans différents contextes.

Anita Miya, responsable de la planification environnementale, AKAH, a présenté le projet de l’AKAH Inde sur l’adaptation aux changements climatiques fondée sur la biodiversité et les écosystèmes et a noté que, ces dernières années, les risques naturels sur la côte du Saurashtra, dans le Gujarat, sont devenus de plus en plus fréquents. Exacerbés par les changements climatiques, des phénomènes tels que les cyclones, les tempêtes, l’érosion côtière, l’élévation du niveau de la mer, les vagues de chaleur, les inondations et les pluies extrêmes se sont intensifiés. Pour s’adapter à ces changements, 20 villages côtiers du district de Porbandar se sont associés à l’AKAH et à la société de technologie Ericsson pour renforcer leur résilience grâce à une approche écosystémique et centrée sur la communauté.

Les membres de la communauté sont en train de planter 100 000 mangroves et autres espèces végétales pour restaurer l’écosystème côtier et protéger contre l’érosion côtière qui sévit près des villages et des zones voisines. Les mangroves se sont avérées efficaces pour atténuer les effets des ondes de tempête, de l’érosion des sols et de la salinité, ainsi que pour absorber le dioxyde de carbone qui contribue aux changements climatiques. Les capteurs du projet, basés sur l’intelligence artificielle nuagique, génèrent des données en temps réel sur les mangroves et les efforts de restauration côtière. Grâce à ce projet, les communautés locales auront accès à de nouveaux moyens de subsistance plus résilients sur le plan climatique. Par exemple, elles planteront 20 000 arbres fruitiers dans dix villages afin d’aider à accroître la biodiversité et de réduire les vagues de chaleur locales.

Nicholas Macfarlane, de l’UICN, a introduit la métrique de réduction des menaces et de rétablissement des espèces (STAR), qui mesure le potentiel de certaines actions à des endroits spécifiques de contribuer aux objectifs mondiaux de durabilité, en soutenant les objectifs scientifiques pour la biodiversité des espèces. Il s’agit d’une manière spatialement explicite et normalisée de mesurer la biodiversité qui permet à un large éventail de parties prenantes, de décideurs politiques et d’équipes de projet qui travaillent avec les SCFN de comparer l’incidence éventuelle d’actions spécifiques sur la biodiversité.

Anil Gupta, spécialiste principal de l’environnement à AMC, et Paul Stewart, directeur mondial du café chez TechnoServe, ont présenté conjointement des considérations relatives à la conception du projet et les types de SCFN employés dans un projet sur la résilience des cultures de café en Éthiopie. L’Éthiopie est l’un des pays les plus vulnérables au climat dans le monde en raison de sa forte dépendance à  l’agriculture pluviale et aux ressources naturelles et de sa capacité limitée à s’adapter aux changements climatiques. Comme l’explique M. Gupta, un quart de la population (principalement de petites agricultrices) vit de la production, de la transformation et de la commercialisation du café. Cependant, avec la hausse des températures et la grande variabilité des précipitations inter-annuelles et intra-saisonnières, les zones propices à la production de café sauvage pourraient diminuer de 40 % à 90 % d’ici 2040.

Un autre problème spécifique à la région de Sidamo dans le sud de l’Éthiopie est le traitement du café et la gestion des eaux usées. Selon une étude de cas, deux milliards de litres d’eaux usées dangereuses sont produits chaque année. Ces eaux débordent dans les rivières et affectent la santé humaine et animale. Le projet Sidamo a pris différentes mesures de SCFN pour aborder ce problème, notamment :

  • le compostage des déchets issus de la transformation du café;
  • l’installation de plus de 100 initiatives de restauration de l’herbe de vétiver autour des milieux humides;
  • la plantation de plus d’un million d’arbres d’ombre indigènes dans 28 000 petites exploitations de café (pour protéger les sols et les caféiers de la chaleur et retenir l’humidité du sol).

En conséquence, la qualité de l’eau des rivières et la résilience climatique des petits producteurs de café de la région de Sidamo se sont améliorées au cours des dix dernières années.

Janet Sumner, directrice générale, Wildlands League, a expliqué comment le Sud de l’Ontario abrite la plus grande diversité et densité d’espèces du Canada. La région abrite environ 200 espèces en voie de disparition – sur un total de 500 espèces en voie de disparition répertoriées au pays – et 80 % des espèces en péril de la province. Pour faire face à la crise de l’extinction et à l’urgence climatique, le projet de connectivité de la nature regroupe des initiatives d’aires protégées sur des terres publiques et privées dans le cadre des efforts de la Southern Ontario Nature Coalition. Il vise à intégrer ces parcelles de terrain dans le parc urbain national de la Rouge, en l’agrandissant de 30 %.

Une pièce essentielle du casse-tête de la connectivité est la ceinture de verdure de l’Ontario, qui se compose de 800 000 hectares de terres agricoles et d’aires naturelles autour de la région du Grand Toronto qui sont actuellement protégées contre l’étalement urbain. Il offre de multiples avantages, comme l’offre d’espaces pour les activités de plein air, l’atténuation des effets des changements climatiques et la lutte contre la perte de biodiversité. Cependant, la croissance rapide de la population et ses besoins en matière de logement et de transport menacent l’intégrité de cet espace. Elle ne durera que si nous trouvons des moyens de reconnaître et de préserver des liens écologiques viables au sein d’un réseau d’espaces verts, pour que la faune puisse migrer en toute sécurité vers et depuis des aires protégées plus vastes.

Angie Dazé, directrice de l’égalité entre les genres et de l’inclusion sociale pour la résilience, IIDD, a clôturé la séance en remerciant les présentateurs, les animateurs et les participants et en réitérant l’urgence de conserver et de restaurer la biodiversité face aux pertes mondiales. Elle a également noté que les changements climatiques et la perte de biodiversité ont des répercussions différentes sur les personnes de différents genres et groupes sociaux, et qu’il faudra adopter des stratégies inclusives qui tiennent compte des genres pour veiller à ce que les avantages des SCFN soient répartis équitablement.


De la connaissance à la pratique : Promouvoir des solutions climatiques fondées sur la nature et favorables à la biodiversité et à l’adaptation était le cinquième événement de la série de conférences de la Fondation sur la résilience et l’adaptation aux changements climatiques. La série vise à réunir des praticiens, des défenseurs et d’autres personnes intéressées à explorer des façons d’utiliser la crise climatique comme catalyseur pour résoudre les défis complexes liés à la lutte contre les changements climatiques d’une manière favorable au développement durable, au bien-être et aux moyens de subsistance résilients pour tous.

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