Des nouvelles du terrain : Soutenir les fermiers laitiers du Bangladesh

Je suis au Bangladesh depuis plus de deux mois, où je travaille pour le programme Care Bangladesh qui vise à aider les fermiers ruraux à améliorer leurs pratiques agricoles – et leurs revenus.

Je travaille plus spécifiquement à l’amélioration de la chaîne de valeur des produits laitiers. L’industrie laitière au Bangladesh est sous-développée, mais il y a un grand potentiel de développement. La majorité du lait au Bangladesh est importé de l’Inde et de la Chine, mais pourtant, il y a beaucoup de vaches dont la production n’est pas optimisée.

Dans plusieurs régions du Bangladesh, la production laitière d’une communauté entière est collectée et traitée de façon indifférenciée. Le lait est collecté auprès des différents producteurs, le contenu moyen en gras de la production commune est ensuite mesuré, puis les fermiers sont payés en fonction de la proportion moyenne de gras contenu. Plus la moyenne en gras est élevée, plus ils reçoivent d’argent par litre produit.

Les producteurs laitiers font la queue avec leur lait pour l’analyse et la collecte.

Le problème avec le traitement indifférencié de la production laitière commune est que ce système n’encourage pas les fermiers à investir dans leur bétail par une alimentation de meilleure qualité, par des médicaments appropriés lorsque les bêtes sont malades, ou par d’autres méthodes visant à améliorer la santé et la productivité d’un troupeau. On assiste plutôt à un nivellement par le bas. Quelle est la motivation de chaque fermier individuel à améliorer la proportion de contenu en gras de sa production s’il n’est rétribué qu’en fonction du contenu moyen en gras du village entier?

Il y a sept ans, Care Bangladesh a introduit des machines de mesure numérique du gras (MNG) dans les régions du nord-ouest du Bangladesh. Ces machines mesurent sur place la proportion de gras du lait de chaque fermier individuellement.

Une machine de mesure numérique du gras est utilisée pour déterminer le contenu en gras du lait.

La machine émet un reçu qui indique la quantité de lait recueillie au site de collecte, le contenu en gras du lait, et le montant total qui est dû au producteur laitier. Grâce à cette technologie simple, les producteurs laitiers sont payés d’une manière juste et transparente.

Un reçu imprimé d’une machine de mesure numérique du gras.

À partir du point de collecte, le lait est ensuite transporté vers une usine de réfrigération opérée par BRAC, la plus importante ONG au monde. Ensuite, le lait est transféré vers une usine de transformation à Dhaka. Plus de 30 000 petits exploitants de fermes laitières participent au système de collecte MNG, et le projet continue de prendre de l’expansion.

Les membres de la communauté se réunissent dans un point de collecte du Bangladesh rural.

Care veut faire des machines MNG la norme de l’industrie. C’est la façon dont le lait est recueilli en Inde, alors pourquoi pas au Bangladesh? Ceci est mon premier projet au Bangladesh : constituer un dossier qui démontre la rentabilité économique et sociale des machines MNG. De combien les revenus des producteurs laitiers ont-t-ils augmenté d’année en année? Comment la qualité du lait a-t-elle évolué au fil du temps? Combien de temps et de ressources financières BRAC peut-elle économiser par l’implantation, à l’échelle nationale, de machines MNG? Le dossier de rentabilité sera présenté aux dirigeants de BRAC, avec l’espoir que le projet de machines MNG soit étendu au-delà de la région du nord-ouest du pays.

Tandis que CARE travaillait au projet MNG, on a remarqué qu’il y avait une demande de la part de la communauté pour des intrants agricoles de bonne qualité pour le bétail des producteurs. Les intrants agricoles comprennent les aliments, les médicaments, l’insémination artificielle et d’autres services visant à maintenir un bétail en santé. Dans les régions rurales, aucun magasin fiable d’intrants agricoles ne pouvait fournir des services et des produits de qualité aux fermiers, ce qui compromettait la qualité des élevages laitiers, créant un effet domino sur les moyens de subsistance des producteurs laitiers.

Il y a deux ans, CARE a ouvert Krishi Utsho, un réseau de fournisseurs microfranchisés de produits agricoles à l’intention des petits producteurs laitiers. Grâce à la réputation de la marque CARE, ainsi qu’aux médicaments et aux aliments de grande qualité disponibles dans ces boutiques, Krishi Utsho a commencé à prendre son essor dans les régions de Bogra et de Rangpur. Il y a actuellement 34 boutiques dans le réseau, mais l’entreprise sociale vise l’ouverture de 100 boutiques d’ici 2017. Cette initiative créera également de l’emploi pour les propriétaires de boutiques, qui apprennent comment gérer une entreprise et comment augmenter leurs revenus grâce à leur boutique.

Une affiche devant une boutique Krishi Utsho au Bangladesh.

Travailler avec Krishi Utsho constitue la seconde partie de mon travail comme stagiaire ici au Bangladesh. À titre de consultante en gestion, je développe un plan d’affaires et j’offre des conseils d’orientation stratégique. Par exemple, comment définit-on la proposition de valeur de Krishi Utsho sur le marché? Comment peut-on s’assurer que les fermiers magasinent chez Krishi Utsho? Comment peut-on augmenter nos marges de profit sur les produits qui sont vendus en boutique? Quels fournisseurs offrent les meilleurs produits sur le marché?

Le propriétaire d’une boutique Krishi Utsho au Bangladesh.

J’élabore un plan d’affaires et un modèle financier pour Krishi Utsho. Je travaille avec deux cadres du siège social de CARE Bangladesh. J’ai des facilitateurs sur le terrain qui mènent des sondages auprès des propriétaires de boutiques, et j’irai sur le terrain dans quelques semaines pour interviewer les propriétaires et voir comment nous pouvons améliorer la performance des boutiques. C’est là où mon expérience passée a réellement été mise à profit : ayant occupé une fonction semblable auprès de grands détaillants nord-américains, je sais exactement comment fonctionne le commerce de détail, comment rationnaliser les opérations et comment rendre les choses plus efficaces. Je sais quels critères utiliser pour faire un suivi de la performance des boutiques, et j’ai une bonne idée des stratégies qui peuvent attirer le trafic pédestre et les ventes vers les boutiques.

Ici depuis deux mois, il m’en reste six de plus au Bangladesh. Lentement mais sûrement, les choses avancent chez CARE et c’est un vrai plaisir que d’y contribuer.

L’auteur, la boursière MMI Jenn Wong (au bout à droite), devant un point de collecte de lait, avec des employés de CARE et des habitants de la région, dans un village éloigné près de Bogra, Bangladesh.

L’auteur, la boursière MMI Jenn Wong , présentant un certificat de formation à un des propriétaires de boutique Krishi Utsho, une entreprise sociale de CARE Bangladesh.