Une question de cœur : répondre à la crise de maladie cardiovasculaire en Afrique de l’Est

Tracey Evans, agente de programme, Fondation Aga Khan Canada

L’Afrique de l’Est fait face à une menace croissante : d’ici 2030, les maladies cardiovasculaires devraient remplacer les maladies infectieuses (comme la malaria et le VIH-sida) à la tête des causes de décès dans la région.

La maladie cardiovasculaire est de plus en plus courante au sein des jeunes habitants de la région en âge de travailler, et la demande en spécialistes et en traitements dépasse amplement l’offre.

Mais lors de ma dernière visite sur le terrain à Nairobi, au Kenya, j’ai vu de mes propres yeux la façon dont les chercheurs et les professionnels médicaux de la région se mobilisent pour répondre à cette crise imminente.

Les victimes les plus courantes des maladies cardiovasculaires sont les personnes les plus pauvres de la région, et la plupart des nouveaux patients sont des enfants et de jeunes adultes défavorisés.

Ces maladies du cœur sont souvent le résultat de fièvres rhumatismales aiguës, une infection inflammatoire évitable particulièrement courante parmi les populations pauvres qui manquent de sécurité économique, de stabilité sociale et d’accès à une alimentation saine et à des soins de santé.

En février, j’ai assisté au troisième Symposium annuel sur le cœur organisé par le Centre du cœur et du cancer de l’Hôpital universitaire Aga Khan de Nairobi.

À mesure que les maladies du cœur deviennent plus courantes, les praticiens médicaux locaux doivent être bien formés relativement aux meilleures pratiques mondiales en matière de soins cardiovasculaires, par exemple l’insertion de cardiostimulateurs, le remplacement de valvules cardiaques et l’administration de tests diagnostiques.

Cette conférence réunit donc des experts régionaux et internationaux qui partagent leur expertise et leurs technologies avec les praticiens en soins cardiovasculaires de l’Afrique de l’Est.

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Lors du symposium, j’ai rencontré Rahab Kathure Kiruja, une des quelque 150 participants à l’événement cette année. Mme Kiruja travaille depuis quatre ans comme infirmière à l’hôpital universitaire Aga Khan de Nairobi.

Bon nombre de participants disent que leur emploi les garde si occupés au quotidien qu’il leur reste peu de temps pour explorer les tendances et technologies émergentes dans leur domaine. Cette rencontre annuelle offre aux infirmières comme Mme Kiruja une occasion de sortir de l’hôpital et de recevoir des formations pratiques dispensées par des chirurgiens, des infirmières et des praticiens de calibre mondial.

Au cours des deux premiers jours de la conférence, les délégués ont assisté à une série de présentations sur différentes maladies du cœur et interventions offertes par des présentateurs venus de partout dans le monde.

Le troisième et dernier jour comptait des ateliers axés sur la pratique de nouvelles techniques de chirurgie, de suivi et de diagnostic. Un des ateliers a même donné aux participants la chance de pratiquer une chirurgie valvulaire à cœur ouvert sur un cœur de vache.

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Le symposium était financé par la Fondation Aga Khan Canada et le gouvernement du Canada, par l’entremise d’un partenariat avec l’Université Aga Khan et l’Université de l’Alberta.

Dans le cadre de ce même partenariat, Mme Kiruja participe maintenant à un échange interfacultaire de six semaines à l’Université de l’Alberta.

Ces échanges donnent aux praticiens des deux universités (Aga Khan et Alberta) l’occasion d’apprendre les uns des autres. Dans son discours d’ouverture, Wayne Tymchak, Ph. D., professeur de médecine et chef de la Division de cardiologie à l’Université de l’Alberta, a expliqué que « Toutes les parties concernées tirent profit de ces échanges interfacultaires, y compris les hôtes ».

L’échange permet ainsi à Mme Kiruja de découvrir la façon dont le département de médecine cardiovasculaire de l’université gère la complexité croissante des diagnostics et des traitements liés aux maladies du cœur.

Et à la fin des six semaines, elle rapportera ses nouvelles connaissances et compétences à Nairobi, où elle contribuera à aborder, un patient à la fois, la crise de maladies cardiovasculaires qui frappe l’Afrique de l’Est.

Tracey Evans est une agente de programme à la Fondation Aga Khan Canada.

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