Lorsque la sensibilisation se propage plus vite que le virus

Dans le nord du Pakistan, les responsables de la santé utilisent des solutions locales pour informer les collectivités rurales au sujet de la COVID-19.

Alors que le paysage du nord du Pakistan est le rêve de tout randonneur, pour ceux qui vivent dans les régions reculées de cette région, le terrain représente un défi quotidien. Il limite les transports, ajoutant une couche de difficulté aux tâches quotidiennes : aller à l’école, gérer une entreprise ou accéder à des services de base comme les soins de santé.

Mais même si le paysage du nord du Pakistan peut ralentir les déplacements – voire les arrêter complètement en cas de fortes pluies ou de neige – cela n’a pas suffi à tenir la COVID-19 à distance.

« Notre premier patient atteint de la COVID-19 dans la province de Gilgit-Baltistan s’est présenté en février 2020. Il avait récemment visité l’iran », explique Gul Anar Khan, directrice des Services de santé Aga Khan au Pakistan. « Dès le stade initial de la pandémie dans mon pays et ma région, nous avons jugé nécessaire de sensibiliser la communauté à l’importance de limiter les contacts entre les gens afin de freiner la propagation du virus. »

Gul gère un programme de santé communautaire au Gilgit-Baltistan.

La Fondation Aga Khan a mis en place le Programme d’appui rural Aga Khan dans cette région au début des années 1980, avec un financement du gouvernement du Canada. Cette relation de longue date a permis d’établir une confiance locale, ce qui aide des personnes comme Gul à engager la communauté et à dissiper les mythes ou les malentendus concernant la COVID-19.

Gul et son équipe s’efforcent d’informer le public sur la manière dont le virus se propage, en ciblant des lieux clés comme les banques. Ils ont également travaillé avec les Services d’éducation Aga Khan dans la région afin de fournir des informations sur les mesures préventives et distribuer des désinfectants pour les mains.

Zahra Batool sensibilise également les gens à la prévention de la propagation du virus, grâce à son émission de radio dans la ville de Skardu, au Gilgit-Baltistan. Elle a interviewé des dirigeants locaux, notamment des médecins, des politiciens, des chefs religieux et des défenseurs des droits des personnes handicapées, au sujet du virus et de la manière dont la communauté devrait réagir.

« Dans le contexte de la distanciation sociale, mon programme radio est un moyen pour les gens de rester en lien, dit-elle. J’ai l’impression de servir de pont et de connecter les personnes déconnectées. »

En plus d’être animatrice radio, Zahra dirige une entreprise de vente de cosmétiques et de vêtements. Ses revenus ont considérablement diminué depuis le début de la pandémie.

Selon Zahra, le confinement a eu le plus grand impact sur les personnes qui travaillent pour un salaire quotidien et sur les femmes qui dirigent des entreprises depuis leur domicile ou les marchés locaux.

Le soutien du Canada a contribué à l’établissement de marchés réservés aux femmes dans cette région. Ces marchés aident les femmes à surmonter des normes sociales qui les empêchent de créer une entreprise ou de faire des achats dans les marchés fréquentés par les hommes. Ces marchés sont maintenant touchés par des mesures de distanciation sociale.

« Il y a environ dix marchés réservés aux femmes dans la ville de Skardu, et ils ont été une source de revenus pour plus de 300 femmes et leurs ménages respectifs », affirme-t-elle, en précisant que la diminution du commerce a également touché les femmes qui gagnent leur vie en cultivant et en vendant des fruits.

Non loin de Skardu, Muhammad Pasha dirige l’organisation de soutien locale, dans la vallée reculée de Basha. Il affirme que les habitants de sa vallée ne s’inquiètent pas de la maladie, car le manque d’internet et de téléphonie mobile les coupe du reste du monde.

« Presque tous les gens sont des agriculteurs, et ils ont peu ou pas du tout accès à l’information sur ce qui se passe dans le pays et dans le monde », explique-t-il, en ajoutant que les barrières liées au genre dans la région rendent l’accès à l’information particulièrement difficile pour les femmes.

Muhammad a mené une campagne de sensibilisation dans la vallée de Basha, qui comprenait la diffusion d’annonces publiques par un haut-parleur monté à l’arrière d’une moto et l’engagement de mobilisatrices sociales pour atteindre les femmes de la communauté.

Sa campagne est soutenue par un programme de la Fondation Aga Khan Canada, financé par le gouvernement du Canada, qui se concentre sur l’amélioration de la santé des femmes, des adolescentes et des filles. Depuis le début de la pandémie, ce programme s’est développé pour répondre au virus, en fournissant des services d’eau et d’assainissement, des lits et des équipements de protection individuelle, et en mettant en place des installations pour traiter les patients atteints de la COVID-19.

Mais aucun de ces travaux ne serait possible sans le leadership local et les connaissances de personnes comme Mohammed.

« En tant que dirigeant communautaire et membre instruit de ma communauté, j’ai senti qu’il fallait faire quelque chose pour empêcher cette maladie de se propager dans la vallée de Basha, affirme-t-il. Rester à la maison et rester en sécurité sont les besoins de l’heure. »

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