L’art de tisser un avenir meilleur : l’histoire d’Apendiwe

Apendiwe Momade est assise en dehors de sa maison dans une région rurale du Mozambique, à côté d’une imposante pile d’herbe séchée.

Ses jambes sont allongées sur un de ses tapis faits à la main tandis que ses doigts d’experte manipulent les brins d’herbe à une vitesse prodigieuse et produisent des dessins détaillés. Pour Apendiwe, le tissage est l’une des nombreuses tâches ménagères qu’elle a apprises en grandissant, comme l’ont fait de nombreuses générations de femmes avant elle.

« Ces tapis sont très utiles pour nous, dit-elle. Ils sont même utiles après la mort. »

Apendiwe tisse.

Les tapis tissés servent tous les jours dans son village natal de Palma. Ils servent pour les siestes des bébés, et les enfants les utilisent pour jouer. On les installe par terre devant les portes des maisons afin d’absorber un peu de poussière, et ils servent de sièges lorsque les voisins rendent visite. Lors d’un décès, le corps est recouvert d’un de ces tapis avant l’enterrement.

Apendiwe, comme bon nombre de ses voisines, a appris à tisser lorsqu’elle était jeune. Elle se souvient des méthodes d’enseignement de sa mère – lorsqu’Apendiwe faisait une erreur, sa mère la frappait sur les articulations avec un manche de couteau.

Il n’est pas facile de grandir dans les régions rurales du Mozambique. Selon la Banque mondiale, plus de la moitié de la population vit sous le seuil de la pauvreté.

L’éducation et les occasions économiques sont souvent hors de portée. Apendiwe a grandi sans apprendre à lire ou écrire. Adulte, elle s’est battue pour nourrir ses enfants et les envoyer à l’école.

Jusqu’à récemment, Apendiwe et ses voisines à Palma tissaient chez elles, seules ou avec quelques amies. Mais grâce au soutien de la Fondation Aga Khan, ces femmes ont ouvert un atelier de tissage et ont commencé à travailler ensemble. Et elles ont converti leurs talents en entreprise rentable.

Elles ont nommé leur atelier « Vumilia Upathe ». Visionnez cette vidéo pour savoir ce que cela signifie dans la langue d’Apendiwe et pour en comprendre la signification pour sa famille :

Pour les membres de Vumilia Upathe, la collaboration signifie qu’elles peuvent embaucher d’autres personnes pour amasser les matériaux bruts dont elles ont besoin. Elles peuvent ainsi produire et vendre plus de produits. Elles ont reçu des formations sur les bases de l’entrepreneuriat, et elles ont appris à lire, à écrire et à compter.

Tous les jeudis, elles se réunissent dans leur atelier en plein cœur de la ville. Elles enlèvent leurs sandales devant la porte et s’assoient par terre.

Les membres de Vumilia Upathe.

Comme des plumes, les extrémités des brins d’herbe séchés dessinent des danses complexes tandis que les femmes causent, rient et chantent, avec en toile de fond le bruissement constant du tissage.

Les herbes sont épissées afin de créer de longs brins étroits qui sont ensuite tissés en bandes, puis attachés en lots. Ces derniers sont ensuite trempés dans des teintures préparées à partir de plantes locales dans des casseroles à vapeur en aluminium installées sur le seuil de la porte de l’atelier. Les bandes d’herbe ainsi teintées sont ensuite égouttées, séchées et tissées afin de créer les produits finis.

Dans un coin, une pile de tapis roulés forme un arc-en-ciel flamboyant. Les murs sont décorés de chapeaux et de sacs. Les femmes vendent leurs produits ici même dans leur atelier, mais la plus grande partie des produits sont exportés vers les plus grosses villes dans le sud.

Depuis qu’Apendiwe s’est jointe au groupe, elle a gagné assez d’argent pour bâtir sa nouvelle maison, et elle a récemment remporté le vote pour la vice-présidence du groupe.

« J’aime mon travail », dit-elle. Elle prévoit acheter des chèvres et leur bâtir un enclos. Elle compte également installer un meilleur toit sur la maison où habite sa mère. « Lorsque je tisse… je me sens bien. »

Soutien financier :

Affaires mondiales Canada