Des nouvelles du terrain : Les centres préscolaires dans les plantations de thé du Bangladesh

Mon éducation formelle a commencé par une expulsion du centre préscolaire.

Je me suis rachetée par mon succès à l’école primaire, fiou. Alors que l’achèvement des études primaires est un accomplissement universel au Canada, certains enfants bangladais doivent surmonter de nombreux obstacles pour se rendre à ce seul niveau d’éducation.

La Fondation Aga Khan Bangladesh (AKFB), entre autres, a découvert qu’un influenceur clé du développement de la petite enfance et de la préparation à l’école est l’éducation préprimaire. Par conséquent, l’AKFB travaille pour augmenter la capacité des organisations locales à offrir des programmes de développement de la petite enfance de qualité. J’admire l’AKFB parce qu’elle priorise la responsabilité locale en soutenant les organisations qui connaissent le mieux les communautés dans lesquelles elles travaillent – et qui souvent, en font partie.

Dans le cadre de mon stage de la Fondation en développement international, j’ai visité des centres préscolaires dans les plantations de thé du village rural de Sylhet (situé à six heures de route au nord de ma maison à Dhaka) pour découvrir comment le programme a eu une incidence sur ces communautés.

Les plantations de thé ressemblent à des armées d’arbres à thé parfaitement uniformes qui forment des rangs verts soignés le long des collines manucurées. Leur nom et leur apparence évoquent les jardins de roses et l’heure du thé d’Alice au pays des merveilles. Mais au lieu d’appartenir à la Reine Rouge, elles appartiennent aux « autorités ». Je croyais que ce terme se rapportait à un certain niveau du gouvernement, mais il désigne plutôt les propriétaires des plantations de thé privées, dont l’autorité sur les communautés locales repose sur leur pouvoir en tant qu’employeurs principaux dans une région très pauvre (les travailleurs des plantations de thé gagnent environ 4 000 takas, ou 50 $, par mois).

J’ai visité des centres préscolaires dirigés par l’ONG Prochesta (qui signifie « s’efforcer » en bengali) pour les enfants des travailleurs des plantations de thé.

À première vue, les projets de développement de la petite enfance au Bangladesh semblent ne pas prêter à controverse. Qui oserait dire que les enfants ne méritent pas de soins, de jouer et la meilleure des chances d’avoir un avenir brillant?

Lorsque je demande quel est l’aspect controversé du projet, je suis choquée par la réponse. Initialement, les autorités des plantations de thé ne voulaient pas que leurs travailleurs éduquent leurs enfants, car ils voulaient une provision future de main-d’œuvre non qualifiée. Les employeurs ont fini par « autoriser » les centres préscolaires pour faire preuve de la bonne responsabilité sociale de leur entreprise.

Je suis arrivée à un centre préscolaire avec un autre stagiaire, Raafi. Regardés par une vache marron doré attachée à un arbre dans la cour, nous avons ôté nos sandales et sommes entrés dans la classe de briques. Immédiatement, 20 enfants de cinq et six ans nous ont accueillis d’un « as-salamu alaykum » en plaçant leur main sur leur front, paume vers le haut, en guise de salut. Nous leur avons répondu « wa-alaykum as-salam » et nous nous sommes assis les jambes croisées sur les toiles orange vif qui couvraient le plancher.

Les enfants apprenaient à compter – ak, dui, teen, chaar, paach, choy, shaat, aat, noy, dosh et chaque chiffre s’accompagnait d’un geste.

À la fin de la leçon, Raafi pouvait compter jusqu’à dosh tout comme un enfant de cinq ans. Pas moi, puisque le préscolaire n’est pas ma spécialité.

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Un enfant se fait peser afin de pouvoir suivre sa santé et sa croissance. Dans le cadre de ce programme de la petite enfance, les parents apprennent de nouvelles compétences pour appuyer le développement de leurs enfants, comme la nutrition et l’hygiène adéquates.

Grandmother Shakuntala Pradhan at work in Malinchora Tea Estate. Bangladesh.

La grand-mère d’un des élèves du centre préscolaire récolte des feuilles de thé près de Sylhet.

Teacher and students at a Pre-school in Malinchora Village. Bangladesh.

Les élèves du centre préscolaire reçoivent les soins et les conseils dont ils ont besoin pour apprendre, jouer et développer d’importantes aptitudes sociales.