Les femmes apportent le changement

Jane Wanyama est la directrice générale de l’hôpital Aga Khan de Kisumu. Son poste de directrice générale est rare pour une femme en Afrique de l’Est – pour une femme n’importe où dans le monde, en fait. ​

La visite de Jane Wanyama à l’hôpital de Kenyenya se déroule sur fond sonore de marteaux rythmiques et de travaux de construction percutants. Tandis qu’elle inspecte les mises à niveau dans ce centre de santé publique situé en région rurale du Kenya, elle est talonnée par un groupe d’hommes – administrateurs de l’hôpital, médecins et entrepreneurs en bâtiment – qui prennent ses paroles en note.

Ils marquent une pause dans une salle très éclairée, complètement vide mis à part un bureau et des chaises. La salle sera bientôt transformée en salle d’opération comprenant les instruments de pointe et les machines vrombissantes nécessaires pour sauver des vies dans des situations d’urgence.

Madame Wanyama est la directrice générale de l’hôpital Aga Khan de Kisumu, une plus grande installation située à quelques heures en voiture. Son poste de directrice générale est rare pour une femme en Afrique de l’Est – pour une femme n’importe où dans le monde, en fait.

La participation des femmes dans la main-d’œuvre du secteur de la santé n’est pas une question nouvelle. Selon les Nations Unies, les femmes représentent actuellement environ 70 % des professionnels de la santé à l’échelle mondiale.

Mais les directrices générales sont rares. Les femmes ont peu d’occasions d’accéder aux professions élevées dans le domaine de la santé, malgré le rôle central et majoritaire qu’elles jouent au sein de la main-d’œuvre en santé. Leurs contributions sont souvent non reconnues, et elles demeurent sous-représentées dans les rôles de direction clés dans le domaine de la santé à l’échelle mondiale.

Mais les femmes comme Jane sont en train de changer les choses. Infirmière et sage-femme de formation, Jane est une leader principale dans les efforts visant à renforcer le système de santé publique dans les nombreuses collectivités qui entourent Kisumu.

Au Kenya, un peu moins de la moitié des femmes accouchent en présence d’une accompagnatrice professionnelle, et sensiblement la même proportion de femmes accouchent dans un centre de santé. Cela fait en sorte que les femmes ont une chance sur cinquante-cinq de mourir pendant la grossesse ou peu après l’accouchement.

« Lorsqu’on cherche à renforcer les systèmes de santé, il faut commencer au niveau communautaire, avec le personnel qui travaille dans les centres de santé. Mais il faut également regarder du côté des systèmes de gouvernance et de soutien qui sous-tendent tout ça », affirme Jane Wanyama.

Entre autres, il faut mobiliser les communautés avec l’aide de bénévoles en santé, qui constituent un lien crucial entre les collectivités où ils habitent et les cliniques et hôpitaux locaux.

Ces bénévoles aident à dissiper de vieux mythes au sujet de la santé, comme l’idée selon laquelle une femme ne peut tomber enceinte lorsqu’elle allaite. Ils encouragent également les femmes, les filles, les hommes et les garçons à se prévaloir des services et des compétences offerts par leurs installations de santé locales.

À l’hôpital de Kenyenya, situé dans le comté de Kisii, un soutien canadien a aidé à construire cette nouvelle salle d’opération et à améliorer les installations de santé maternelle et néonatale. Les employés ont également profité de mises à niveau dans leurs formations et d’occasions de consulter des spécialistes basés dans de plus grandes villes par connexion vidéo.

Par conséquent, l’hôpital est maintenant en mesure d’offrir de meilleurs soins prénataux aux futurs parents et de gérer des situations d’urgence sur place.

« En tant qu’infirmière et sage-femme, je tiens passionnément à ce que les femmes vivent des grossesses et des accouchements des plus sécuritaires », déclare Mme Wanyama.

Le renforcement des systèmes de santé par le biais de l’éducation, de l’engagement communautaire et des investissements dans les infrastructures semble être un grand défi, mais pour cette femme hors du commun, il s’agit d’un jour de travail comme les autres. « Je fais ce que j’aime le plus : travailler avec des hommes, des femmes, des enfants et des familles ».

De retour dans la salle d’opération, Jane fait semblant d’entrer avec une civière et une patiente imaginaire qui aurait besoin d’une césarienne d’urgence. Elle fait semblant de se laver les mains et d’enfiler un masque chirurgical. Puis elle se retourne vers l’équipe hospitalière, qui discute de façon animée du futur déroulement des travaux dans cet espace.

Avec un soutien de collectivités, de familles et de gouvernements locaux au Kenya, et un appui du Canada et de Canadiennes et Canadiens vivant à des milliers de kilomètres de là, nous espérons améliorer les résultats de santé pour les familles du comté de Kisii et d’ailleurs.

« Il y a deux ans, il s’agissait d’un rêve. [Aujourd’hui], nous voyons des résultats », confie Jane.

Jane Wanyama sera l’une des conférencières des Discours percutants dans le cadre de la conférence Women Deliver 2019, la plus importante conférence du monde sur l’égalité des sexes et la santé, les droits et le bien-être des filles et des femmes.

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