Genre et changement climatique: entretien avec Onno Ruhl

La Fondation Aga Khan Canada s’est assise avec Onno Ruhl durant une visite au Canada afin de discuter des liens entre le changement climatique et l’égalité entre les genres.

Onno Ruhl est le premier directeur général de l’Agence Aga Khan pour l’habitat (AKAH), créée en 2016 pour répondre aux menaces croissantes posées par les catastrophes naturelles et les changements climatiques. La Fondation Aga Khan Canada s’est assise avec Onno durant une visite au Canada afin de discuter des liens entre le changement climatique et l’égalité entre les genres.

Pourriez-vous nous parler un peu des actions de l’AKAH pour promouvoir l’égalité entre les genres?

Le travail fondamental de l’AKAH est l’approvisionnement en eau et l’assainissement. De tous les secteurs de services, il s’agit de celui qui a l’impact le plus direct sur la capacité des filles et des femmes d’améliorer leur engagement dans la société. En effet, comme elles n’ont plus besoin de passer leurs journées à transporter de l’eau, elles peuvent poursuivre leurs études et contribuer professionnellement ou personnellement à la société. C’est extrêmement important pour sortir les collectivités de la pauvreté.

Nous travaillons également pour l’égalité entre les genres par le biais de nos bénévoles. L’AKAH compte 23 000 bénévoles, et nous tentons d’avoir au moins 50 % de femmes dans toutes nos équipes, y compris en Afghanistan. Cela n’est possible que parce que nos racines dans les collectivités où nous travaillons sont profondes et durables.

En quoi certains des enjeux sur lesquels vous travaillez touchent-ils différemment les femmes et les filles?

Pour créer des opportunités, il faut réfléchir à la façon dont les gens peuvent, à terme, se sortir de la pauvreté. Il est très important de réaliser qu’il s’agit d’une démarche intergénérationnelle.

Dans la plupart des sociétés dans lesquelles nous travaillons, la tradition veut que les fils de la famille suivent les pas du père. Les fils d’un agriculteur deviendront probablement agriculteurs. Mais nous savons que si une seule des filles de la famille devient infirmière, ce qui est possible avec l’AKDN, cela change l’avenir de la famille au complet.

Dans cet exemple, je ne parle que d’une seule famille. Nos efforts ne ciblent pas simplement les jeunes, mais plutôt les filles, parce que c’est là qu’on peut avoir le plus grand impact. C’est comme ça que nous multiplions l’impact de notre travail.

Je parle des filles, mais bien sûr nous n’avons rien contre les garçons. Il faut qu’ils puissent eux aussi atteindre leur plein potentiel. Mais si on se concentre sur l’autonomisation des filles, cela accélère grandement le développement, selon moi.

Cet extrait est tiré d’une entrevue avec Onno Ruhl, qui sera diffusée en juin 2020 à l’occasion de la Journée mondiale de l’environnement. Les échanges ont été modifiés à des fins de concision et de clarté.